Le piano virtuose.

Je vous vois venir : "Ah, mais la virtuosité ça fait pas tout, il faut quand même de l'émotion". Eh ben ce n'est absolument pas incompatible, de nombreux compositeurs ont en effet sublimé la maitrise extrême du piano.

Donc voilà un petit sujet pour me détendre avant d'aller au dodo.

Commençons donc au début (avec des petites précisions sur les auteurs en rab'):

Bach (1685 - 1750)
Pour un bref historique, on peut le considérer comme un des premiers compositeurs de musique "classique", bien qu'il arrive en fin de période "baroque", dont il fut un des plus grands maîtres (d'ailleurs, arrivant presque à la jonction entre périodes baroque et classique, il fut considéré comme démodé de son vivant, contrairement à ses fils (ironiquement), qui se sont illustrés dans l'art classique.)
Le morceau choisi sera donc Le prélude 21 du premier livre du "Clavier Bien Tempéré" (le recueil est en fait une sorte de cahier de 24 préludes & fugues (toutes le tonalités "classiques" : 12 demi-tons, majeur/mineur) devant, selon l'auteur, être représentatif de toute la gamme de registres du clavier (clavecin à l'époque) il a même écrit un second livre plus tard).
Ici, le morceau est suivi de la fugue 21 [à 1:10] (qui n'est pas sans intérêt, mais beaucoup moins rapide). C'est joué par Glenn Gould (selon moi le pianiste qui a le mieux joué Bach, par l'originalité de ses interprétations et la qualité de son jeu)
Suivront bien sûr les sujets sur Bach et Gould

Beethoven (1770 - 1827)
On passe sur Mozart (Ce n'est pas pour le manque d'intérêt, mais pour le manque de temps et de courage). Donc Beethoven, allemand, fin du classicisme, amorce presque (n'exagérons rien) le romantisme.
Je vous met le troisième mouvement de la Sonate "au Clair de Lune" par mon pote Horowitz (le meilleur !).
Et puis juste pour le plaisir, la sonate pathétique par Glenn Gould : 01 - Grave, 02 - Adagio cantabile, et 03 - Rondo (ce choix n'est pas totalement hors-sujet, malgré le fait que plusieurs passages, notamment le deuxième mouvement, ne sont pas impossibles à jouer. Cette sonate reste quand même très technique, et illustre bien la transition entre classicisme et romantisme.)

Chopin (1810 - 1846)
On se retrouve un peu plus tard, chez les romantiques. Chopin est sûrement un stéréotype de l'artiste de l'époque : Polonais fuyant les conflits dans son pays, il se retrouve à Paris et meurt assez jeune (39 ans). Qualifié notamment de "prince du piano", c'est véritablement à cette époque que la virtuosité comme on la définit maintenant apparait : les premiers virtuoses, les premiers concertistes en récitals (concert qui met en scène un ou plusieurs musiciens qui jouent un programme choisi)).
Ici, je vous propose :
Le prélude n°8
Le prélude n°16
Je ne vous parlerai pas des préludes (il y aurait trop à dire), seulement que c'est une sorte de "cahier d'esquisses" (c'est comme ça que je les vois), regroupant des morceaux très courts (30 secondes) et d'autres un peu plus longs (3 minutes), des 24 tonalités, tous très différents les uns des autres... Mais semblant très étrangement former un cycle... (le dernier, le 24ème conclut assez étrangement, par trois ré grave (un plongeon dans un gouffre ?)) . J'ai choisi comme interprète Claudio Arrau (un de mes pianistes préférés aussi ! [Pour ceux qui ont VRAIMENT du courage, ou qui sont passionnés, écouter l'œuvre de Debussy par ce bonhomme.]) pour les réludes 8 et 16, Rubinstein (un des plus grands joueurs de Chopin) pour le 24.
Vous pourrez remarquer la mélancolie du n°8, et la fougue du n°16 (des morceaux très passionnés). Je pourrais vous faire l'analyse approfondie de chacun des préludes (et ça me plairait ), mais je dois quand même aller me coucher .
L'étude op. 10 n°12 ("Révolutionnaire") : Par Pollini (un autre pianiste de légende)
L'étude op. 25 n°2 ("Le baume") : Par Arrau (monter légèrement le son)
L'étude op. 25 n°12 ("Océan") : Par Pollini
Pratiquement toutes les études de Chopin (27 en tout) sont des œuvres de haute virtuosité... J'en ai pris 3, parmi mes préférées (elles sont vraiment toutes prodigieuses)... La première "révolutionnaire" (je trouve pas d'autre adjectif ), très connue. La deuxième, si calme... (Remarquez comme le morceau commence et finit par la même note, comme une mise en boucle... J'imagine une onde sur l'eau...). Et la troisième une beaucoup plus grosse onde sur l'eau (un océan déchaîné...)

Liszt (1811 - 1886)
Avec Chopin (né seulement 1 an après), il s'impose comme le plus grand pianiste de son époque. Il est hongrois et fréquente toute la société artistique européenne.
Ici, je ne connais pas de morceau célébrant uniquement la virtuosité du début à la fin. Je vous donnerai alors simplement la Rhapsodie Hongroie n°2. C'est un morceau plus long que les autres (environ 10 minutes), mais qui comporte des passages excessivement techniques. En gros, c'est une fantaisie sur des thèmes hongrois populaires (vous retrouverez en deuxième partie du morceau [à partir de 5:29 (pour l'intro) et après] un thème surement connu. C'est une œuvre qui a surtout été entendue pour orchestre (retranscription par le compositeur)
Pour l'interprétation, c'est pas celle que je préfère (le pianiste est assez bizarre, mais vraiment pas inintéressant , je dois même dire qu'il me plaît)... Je peux vous conseiller surtout celle par Georges Cziffra (que je n'ai pas trouvée).
Et puis quand même un autre : St François d'Assise prêchant aux oiseaux, le premier épisode de "Légendes". Parfaitement dans le style de Liszt.

Saint-Saëns (1835 - 1877)
Compositeur français légèrement plus tardif. Je l'aime surtout pour son œuvre pour violon (le concerto pour violon n°3 est à écouter juste pour le plaisir).
Ici, je vous propose le troisième tableau du Carnaval des Animaux (très connu) : Les Hémiones (ce sont des ânes sauvages du Tibet d'après Wikipédia). Ici, la version que j'ai trouvée est assez spectaculaire, à deux pianos en parfait unisson (la partition originale est pour 2 pianos, mais on l'entend parfois pour piano seul).
Dans le Carnaval des animaux, vous connaissez forcément l'Aquarium (dans plusieurs pubs, qui n'est pas joué que au piano).

Rimski-Korsakov (1844 - 1908)
Avec Tchaïkovski, c'est l'un des plus grands compositeurs russes. Il a fait partie des cinq compositeurs appelés à créer « le Groupe des Cinq » (sur lesquels vous pouvez vous documenter par vous même avec les liens internes). Le Vol du Bourdon est un petit interlude musical, originalement pour violon, mais qui a été aussi bien joué pour trompette, orchestre, ou comme ici piano (à entendre dans les Sims 1 aussi ). C'est un enregistrement du même pianiste que pour Liszt... Un virtuose dans le vrai sens du terme...
Bien sur, au même titre que le Carnaval des Animaux n'est pas représentatif de l'œuvre de Saint-Saëns, le Vol du Bourdon n'est pas représentatif du l'œuvre de Rimski-Korsakov.

Bon, je passe certains compositeurs (Scriabin et autres)

Debussy (1862 - 1918)
Tout le monde connait Debussy. On va dire que pour son œuvre, on peut la situer entre la fin du romantisme et l'impressionnisme musical (qui n'est pas réellement une école musicale)
Quelques préludes (encore et toujours des préludes !)
"Ce qu'a vu le Vent d'Ouest", et "Les Collines d'Anacapri" (sur la même vidéo, le deuxième commence à [3:16]. Morceaux impressionnistes par excellence : un tableau, un paysage décrit musicalement. On peut très bien se représenter ces paysages en écoutant. Ce sont mes deux préludes préférés. A écouter avec beaucoup d'attention donc . (Je vais vite parce-qu'il est un peu tard, je reviendrai peut être un peu plus là dessus).


Ravel (1875 - 1937)
Je passe plus rapidement sur sa vie, Ravel était un compositeur français de la période moderne.
Je propose Noctuelles (des papillons de nuit) et Une Barque su l'Océan (Première et troisième pièce du cahier "miroirs"). Il y aurait d'autres morceaux à citer, Ravel était un grand pianiste.


Voilà voilà, c'est un autre sujet à compléter bien sur. Bonne découverte !

On parlait de la Boîte à Musique de Zygel... J'ai trouvé une perle... Duchable (un des grands pianistes français) qui explique les études de Chopin...

1ère partie
2ème partie

Puisque tu parles de grand pianiste français, je voulais te demander (oui cet article est surtout adressé à Geo) si tu connaissais Jean Frédéric Neuburger. J'ai, grâce à mon père il faut bien le dire, eu la chance d'assister à deux de ses concerts en France et puisque tu parles de pianistes contemporains, je ne pouvais pas ne pas te le faire connaitre (dans l'hypothèse où son nom te serait inconnu).
Donc tu(vous) pourras(ez) trouver de nombreuses vidéos de ses concerts, ainsi que sa biographie (j'ai pas mis de liens ici n'ayant trouvé de biographie suffisamment complète et récente). J'ai chez moi deux de ses album, nottamment un consacré aux études de Chopin.
Je n'ai pas le temps de vous en dire plus ce soir sur ce musicien que j'adore tant, j'espère juste la prochaine fois que je le verrai jouer pouvoir lui parler comme le fait mon père depuis quelque temps maintenant.

Je me reconnecte mercredi soir pour vous en dire plus...

Effectivement, je ne connaissais pas ce jeune pianiste. Je me suis donc baladé sur internet, regardé quelques vidéos...
Il a un jeu que je qualifierais de "jeune" (bizarrement). Je m'explique : son jeu est passionné, sa maitrise est parfaite, et on se doit de féliciter tout ce travail.. Mais, il manque un petit quelque-chose. Ce petit truc qui vient avec l'age, avec la réflexion (il me semble). Son interprétation des œuvres me semble trop "classique", je n'ai pas remarqué quoi que ce soit qui puisse me faire dire après une écoute "ça doit être Neuburger qui joue" : un détail, un trait de caractère, une petite touche personnelle... Pour moi c'est un pianiste prometteur, qu'il faut suivre avec attention !

Je serais en tout cas ravi si tu pouvais numériser ces 2 CD dont tu parles, et me les envoyer

Je crois que tu juges avec un trop grand recul, celui de plusieurs siècles de pianistes se succédant.
Je te parle dans ce post de pianistes contemporains. Tu as certainement raison consernant le style personnel, d'ailleurs il a été récemment nommé professeur de la "classe d’accompagnement du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris" à 22 ans seulement, ce qui n'aurait peut être pas pu être le cas avec un pianiste au style trop affirmé.
Après je t'en parle parce que j'ai eu la chance de le rencontrer à plusieurs reprises, bien sûr ce n'est pas Lang Lang (je parle en terme de popularité), mais ce qui me touche en le voyant, c'est son age, sa capacité à jouer un si large répertoire (sans partition, ça c'est interpellant les premières fois, ça change en fait surtout) et ça simplicité avec le public (je l'ai vu la dernièrement à coté de Blaye dans une ambiance "bonne franquette", sachant qu'il a l'habitude de jouer à Tokyo ou à New York maintenant).
Enfin bref moi j'aime et je ne m'en lasse pas.
Ps: Je vois ça rapidement pour les CD.

Je n'ai jamais dit que je n'aimais pas son jeu .
Mais effectivement, je ne l'ai jamais rencontré, et en connaissance de cause, je peux affirmer qu'un concert et un enregistrement n'ont absolument rien à voir. Il faut donc effectivement saluer sa virtuosité comparé à son jeu age (et c'est d'ailleurs pour ça que je dit qu'il est prometteur ).
Donc voilà, un pianiste à découvrir.
Ps : je les attends de pied ferme !